2021 a été une année incroyable pour l’univers des cryptomonnaies : le Bitcoin s’est envolé à 69 000$, NFT (Non-Fongible Token) a été le buzzword de l’année et si vous n’avez pas encore acheté vos premières cryptomonnaies sur Coinbase ou Binance, vos proches l’ont fait (16% des américains ont déjà utilisé des cryptomonnaies).
Depuis la création du premier Bitcoin par Satoshi en 2009, l’univers crypto n’a cessé de se métamorphoser. Parti d’une utopie pirate et depuis devenu la promesse du monde virtuel d’après, l’univers crypto s’est réuni en 2021 sous la bannière du “Web3”, mot fourre-tout dont la hype a subitement grandi cette année sans pour autant faire l’objet d’une définition canonique.
Source : Google trends
Alors qu’est-ce que le Web3 ? Eh bien, personne ne le sait vraiment. En fait, le Web3 se crée en même temps que vous lisez ces lignes, juste devant nous sous de multiples formes. Mais s’il est encore trop tôt pour se reposer sur une définition unique du concept, une multitude d’idées et d’innovations se croisent avec plus de créativité que jamais pour lui donner tout son sens.
Web1 → Web2 → Web3
Pourquoi Web3 ? Tout simplement car le Web que nous utilisons tous les jours a connu deux cycles de vie, justement appelés Web1 et Web2. Dans son article, Why Web3 Matters, Chris Dixon, General Partner chez a16z, fonds d’investissement historique de la Silicon Valley revient sur cette chronologie Web1, Web2, Web3.
Le Web1 s’étend chronologiquement entre 1990 et 2005, l’époque des débuts d’internet et du "World Wide Web”, celle des protocoles ouverts où les communautés gouvernaient le Web. C’est l’époque où l’on “surfait sur le Web”, dans le sens où l’activité principale était de naviguer d’une page internet à une autre. Dans cette version d’internet, les utilisateurs et créateurs co-construisent le Web et récoltent équitablement la valeur qui y est créée.
Le Web2 représente la phase d’internet dans laquelle nous vivons depuis 2005. Ce Web est structuré par des acteurs privés qui proposent des fonctionnalités bien plus performantes que sur le Web1 (e-commerce, réseaux sociaux, stockage de données, streaming). En se positionnant comme des agrégateurs, ces acteurs ont structuré Internet et ont permis son adoption massive par les utilisateurs du monde entier. Mais cette adoption s’est faite sur des circuits fermés et contrôlés par une poignée d’acteurs très puissants qui bénéficient de la majorité de la valeur créée (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, aka GAFAM).
Depuis fin 2020, nous entrons dans l’ère du Web3. Ce dernier combine finalement le meilleur des deux anciens mondes : un Web décentralisé et contrôlé par la communauté avec les fonctionnalités avancées proposées par le Web2. Par nature, le Web3 appartient aux créateurs et aux utilisateurs. Comment ?
Gavin Wood, cofondateur d’Ethereum et de Polkadot, a introduit le terme Web3 en 2014 pour faire référence à un web décentralisé et fondé sur la blockchain. Par définition, une blockchain constitue une base de données qui contient l’historique de tous les échanges effectués entre ses utilisateurs depuis sa création. Cette base de données est sécurisée et distribuée : elle est partagée par ses différents utilisateurs, sans intermédiaire, ce qui permet à chacun de vérifier la validité de la chaîne (Source : blockchainefrance.net).
Une blockchain est donc en quelque sorte un serveur accessible et partagé par tous sur lequel chacun peut construire une application.
Dans son organisation, le Web3 repose sur la blockchain, et est orchestré par des tokens (jetons numériques), permettant aux utilisateurs de posséder une partie du réseau et d’être récompensés par leurs actions sur celui-ci. La grande force des tokens est d’aligner les intérêts des créateurs et des utilisateurs sur le réseau, ce qui n’était absolument pas le cas avec le Web2. Ils incitent les participants du réseau à travailler ensemble pour atteindre un objectif commun : la croissance du réseau et l’appréciation du token.
Pourquoi le Web 3 ? Le péché originel du Web2
Le Web2 est constitué de plateformes centralisées qui suivent un cycle de vie assez prédictible. A leur genèse, le but premier est d’attirer le plus d'utilisateurs possibles, quel qu'en soit le coût ainsi que des acteurs tiers comme les développeurs, les créateurs ou les entreprises.
Ceci est compréhensible puisque le but de la plateforme est d'accroître au maximum son effet de réseau : plus il y a d’utilisateurs sur le réseau, plus son utilité et donc sa valeur augmente.
Mais en parallèle de cela, plus l’adoption de la plateforme augmente et plus son pouvoir sur les utilisateurs et les tiers augmente. Une fois qu’elle a atteint une taille critique, elle va extraire la donnée de ses utilisateurs et entrer en compétition avec les tiers pour continuer de croître. Cela a pour conséquence de créer des tensions entre les propriétaires de la plateforme et les autres acteurs : les tiers n’osent plus proposer de nouvelles innovations sur ces plateformes par perte de contrôle (Apple prélève 30% de commissions via l’App Store et peut décider à tout moment d’interdire une application), les utilisateurs ne possèdent pas leurs données et leurs accès peuvent être suspendus selon l’évolution de la réglementation imposée par la plateforme.
Source : Why Web3 Matters, Chris Dixon
Les solutions apportées par le Web3
L’ambition du Web3 est de pallier le problème de centralisation et de concentration de la valeur aux mains d’un petit nombre d’acteurs pour la redistribuer plus équitablement aux utilisateurs d’internet.
Prenons l’exemple de la seconde blockchain la plus connue, Ethereum.
Elle a été créée par Vitalik Buterin et d’autres développeurs en 2015 et propose toutes sortes d’applications via des contrats intelligents (smart contracts), qui s'exécutent automatiquement selon des conditions définies au préalable dans la blockchain.
Le réseau est organisé par un token, l’Ether (ETH). L’ETH est rétribué aux mineurs qui assurent le bon fonctionnement et la sécurité du réseau via la puissance informatique de leur ordinateur : c’est un exemple concret d’alignement d'intérêt et de décentralisation.
L’ETH est également la monnaie d’échange sur la blockchain Ethereum. Elle vous permet par exemple d’acheter les cartes de vos footballeurs favoris sur le jeu de fantasy football Sorare. Ces cartes sont d’ailleurs des NFT : elles sont authentifiées de manière unique sur la blockchain Ethereum, elles sont indivisibles et leur rareté est prouvée sur la blockchain (chaque carte existe dans une quantité limitée, certaines sont même uniques comme la désormais fameuse carte de Cristiano Ronaldo vendue 400 000 $ en novembre 2021).
Un autre exemple d’application décentralisée construite sur Ethereum est Audius. C’est une plateforme de streaming musicale décentralisée, qui permet aux artistes de distribuer leurs musiques et d’être payés directement par leurs fans. Audius propose son propre token $AUDIO qui organise toute la communauté. En possédant ces tokens, les artistes, fans et développeurs peuvent participer à la gouvernance de la plateforme. Audius propose également un stockage décentralisé des musiques. Ce projet est né du constat que sur les 43 milliards $ générés par l’industrie musicale en 2017, seulement 12% sont revenus aux artistes (source : Whitepaper Audius).
Une transition sur plusieurs décennies
Vous l’avez compris, la transition du Web2 au Web3 qui en train de s’opérer repose sur la décentralisation du pouvoir et la propriété partagée de la valeur créée.
C'est un processus qui va prendre plusieurs années voire décennies mais qui apparaît nécessaire pour aligner les intérêts de toutes les parties prenantes tant la place d’internet est importante dans nos vies.
Il est néanmoins essentiel de ne pas tomber dans une condamnation totale du Web2 : les acteurs qui le composent ont permis de développer internet à grande échelle et de transformer nos vies et nos interactions en donnant accès au plus grand nombre à des produits aux fonctionnalités avancées à moindre coût.
L’enjeu avec le Web3 est donc de repenser les services et les produits existants afin qu'ils profitent aux utilisateurs finaux plutôt qu'aux organisations qui en fixent les règles.
Avertissement : Cet article a une visée purement informative et ne constitue en aucun cas un conseil en matière d'investissement.
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