La science décentralisée aka DeSci
Enter the web3 #9 : bienvenue dans la nouvelle ère de la science
GM à toute la communauté ! 🌞
On revient après un long moment d’absence pendant lequel on a enchaîné entre vacances et réflexions sur le futur d’Enter the web3.
Beaucoup d’évènements ont eu lieu dans l’écosystème depuis le dernier numéro : les cours de toutes les cryptos se sont effondrés (bienvenue dans le bear market), Terra Luna ($50 milliards de market cap au plus haut) a implosé et il se chuchote en coulisse que Three Arrow capital, l’un des plus gros fonds crypto au monde, est au bord de la faillite ($10 milliards d’actifs sous gestion en 2021).
Bien évidemment, cette période pousse à la remise en question : beaucoup de personnes quittent le navire, perdent foi en l’écosystème crypto et de nombreux projets vont disparaître.
Mais cette période est une aubaine pour ceux qui sont là pour construire : l’exubérance des marchés ayant disparu, toute l’attention peut se porter sur la construction du web de demain !
De notre côté, nous restons convaincus que la blockchain et la crypto sont le futur d’internet 🚀.
Et pour vous partager notre optimisme, on va vous parler aujourd’hui d’un mouvement qui prend de l’ampleur dans l'écosystème : la DeSci aka Decentralized Science (ou Science décentralisée).
En une phrase, ce mouvement vise à utiliser la blockchain et la crypto pour révolutionner l'univers de la recherche scientifique.
Pas de panique, on vous explique tout ça en détail après un tour des actualités de ces dernières semaines ✌.
Web3 what’s poppin ?
Coinbase a annoncé une réduction de ses effectifs de 18% pour faire face aux turbulences à venir dans l’écosystème crypto
Le web3 est-il déjà obsolète ? Jack Dorsey a annoncé vouloir créer le web5, un web décentralisé construit uniquement sur la blockchain Bitcoin
Vitalik Buterin, le fondateur d’Ethereum, nous dévoile le contenu de son sac à dos avec lequel il mène sa vie de nomade ! On y apprend notamment qu’il se sert d’un rouleau de papier toilette comme support pour son micro (belle preuve de minimalisme pour un milliardaire 😂).
Maintenant place à la DeSci 💊!
Les raisons d’exister du mouvement
La DeSci c’est quoi ? Vous vous demandez bien de quel concept farfelu nous allons encore vous parler aujourd’hui 😁.
Tournons nous vers Sarah Hamburg, l’une des figures du mouvement pour le définir proprement :
Le mouvement DeSci vise à améliorer le financement scientifique, à libérer les connaissances des silos, à éliminer la dépendance à l'égard d'intermédiaires avides de profits tels que les éditeurs universitaires et à accroître la collaboration dans tous les domaines de la science.
En fait, la DeSci est née à l’intersection de deux mouvements :
La volonté d’une partie de la communauté scientifique de changer le financement archaïque dans la recherche
La volonté de l'écosystème crypto d’en finir avec les acteurs centralisés qui drainent toute la valeur créée dans de nombreuses industries
Il est vrai qu’il existe un véritable problème de financement dans la recherche. Les scientifiques consacrent la moitié de leur temps à rédiger des demandes de subventions qui n’aboutissent que très rarement. De plus, leur obtention dépend d’un indice appelé h-index qui mesure le nombre de publications ainsi que le nombre de fois où est cité un chercheur. Conséquence : il existe une course effrénée à la publication et de très nombreux projets ne sont pas financés (tout ça n’est donc pas très bénéfique pour la science 🤨).
Autre problème majeur : l’information scientifique est encore trop souvent détenue par des acteurs privés. De plus, dans le modèle actuel, les chercheurs payent pour publier dans les revues scientifiques. Et le prix n’est pas un frein puisqu’ils veulent être publiés dans les meilleures revues, quoi qu’il en coûte. Les éditeurs les plus prestigieux ont la voie libre pour pratiquer des tarifs élevés et ils sont donc les grands gagnants sur le plan financier (les cinq plus gros éditeurs académiques concentrent 50% des 19 milliards $ générés par l’industrie).
L’entrée en jeu de la DeSci
Il existe de nombreux mouvements cherchant à améliorer la transparence et l'efficacité de la recherche scientifique. On peut citer par exemple le mouvement Open Science qui vise à rendre la donnée scientifique accessible au plus grand nombre. Mais la DeSci innove par l’utilisation des outils blockchains. Ce mouvement est un bon cas d’usage de disruption d’une industrie par la blockchain : l’objectif est de remplacer les modèles centralisés du web2 par ceux décentralisés du web3 et permettre ainsi une répartition plus équitable de la valeur créée entre les acteurs.
Les projets blockchains centrés sur la recherche scientifique existent depuis 2015 mais c’est vraiment depuis 2021 et l'apparition de nouveaux cas d’usage blockchain que les initiatives DeSci ont vraiment explosées. Des groupes de recherche ont par exemple vendu des NFTs aux enchères : en juin 2021, des extraits des travaux de recherche sur le cancer du prix Nobel de médecine James Allison ont été vendus plus de $50 000 par l’université Berkeley. L’objectif de cette vente était de financer le département de recherche de l'université et de partager des documents scientifiques au monde par la même occasion.
Nous avons également assisté à l’émergence d’un grand nombre de DAOs (Decentralized autonomous organizations) spécialisées dans la recherche scientifique.
Certaines sont spécialisées sur des aspects particuliers de la recherche scientifique comme Science Fund qui utilise les outils web3 pour optimiser les financements de projets.
D’autres se focalisent sur un secteur particulier comme Molecule qui connecte les chercheurs en biotech avec des financeurs. Le secteur de la biotechnologie est d’ailleurs celui qui a le plus de cas d'usages dans la DeSci à l’heure actuelle.
Comment la DeSci tire-elle profit de la blockchain ?
On peut citer 3 utilisations précises des outils de la blockchain par la DeSci :
La suppression des intermédiaires par les smart contracts : on l’a vu plus haut, une poignée d’acteurs capte la majorité de la valeur dans l’industrie de la publication académique. A l'inverse, les chercheurs réalisent des “peer reviews” gratuitement, un processus indispensable avant chaque publication. Les smart contracts pourraient mettre directement les scientifiques en relation et instaurer une rémunération via des tokens. C’est d’ailleurs ce qu’essaye de mettre en place le projet Ants Review.
L’abolition de la censure scientifique : la présidence Trump a (entre autres) été marquée par de nombreuses interférences politiques dans le domaine scientifique. Sur la blockchain, la donnée est stockée de façon immuable, les utilisateurs peuvent stocker et avoir accès à l’information partout et à n’importe quel moment, protégeant ainsi la science de telles dérives.
Une meilleure répartition de la propriété : le débat sur la propriété scientifique a ressurgi pendant la crise du Covid avec la question de savoir si les brevets des vaccins devaient être rendus publics pour aider à endiguer la pandémie. La DeSci pourrait être une réponse à ce type de question en permettant à toute une communauté autour d’un projet de posséder le savoir scientifique et de décider ce qui est fait avec. C’est ce que tente de faire Molecule via les IP-NFT (Intellectual property NFT). Les projets biotechs soumettent leurs brevets sur la blockchain sous forme de NFTs et les DAOs achètent ces NFT, finançant ainsi la recherche tout en ayant le droit de prendre part aux décisions concernant le projet. Le premier financement de ce type a été réalisé par VitaDAO pour financer des recherches sur la longévité humaine menées par le laboratoire Scheibye-Knudsen de l’Université de Copenhague.
Les limites du mouvement
Le mouvement DeSci n’est qu’à ses prémices et présente donc des points d’interrogations comme beaucoup d’autres projets blockchains :
Le respect de la qualité scientifique : la science est un domaine technique nécessitant des prérequis importants. Peut-on donc confier l’esprit tranquille le financement et l’orientation de projets scientifiques à une communauté de non scientifiques ?
Pour résoudre ce problème, on peut penser à un système où des scientifiques certifiés font une présélection des projets et les soumettent ensuite au vote d’une communauté plus large.
On peut également se demander à qui bénéficiera la DeSci : aujourd’hui la science profite à une multitude d’acteurs dont les industriels, les éditeurs académiques et les scientifiques.
De nombreuses critiques existent dans la communauté scientifique à l’égard de certains acteurs qui ont une pure logique financière. Comment s’assurer qu’il n’en sera pas de même avec la DeSci ? Que la blockchain ne sera pas un outil supplémentaire de financiarisation de la science ? La DeSci devra servir le bien commun et contribuer à produire une science de qualité. Les enjeux dans ce secteur seront encore plus importants que dans les autres industries que tente de révolutionner la blockchain.
Voilà, vous savez maintenant tout la DeSci. N’hésitez pas à nous faire vos retours et à mettre un ❤ si ça vous a plu.
On se retrouve dans 2 semaines pour le prochain numéro. 😘
Idriss 🌞
Avertissement : Cet article a une visée purement informative et ne constitue en aucun cas un conseil en matière d'investissement.
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WAGMI 🌞
Une application très intéressant !